L’hiver du Diable

Tempête

Premiers jours de l’année 2009….Hiver, froidures, ciel encombré, caché par les cumulus, méchants nuages chargés de vapeur d’eau !
Il a plu ces jours-ci, comme qui la jette ! Les pluies ont noyé la terre de nos landes, des jardins, jusqu’au ras des fondations des bâtiments !
Les poules, perchées sur les liteaux du poulailler n’osaient plus descendre.; Il a fallu se munir de cuissardes afin de traverser le fossé de l’airial, pardi, le pont du voisin, démoli par les charges des billons évacués lors de la dernière tempête empêche l’écoulement des eaux.
Mais s’il n’y avait que cela, le plus méchant restait à venir ! La speakerine de la télévision nous informait « météo : alerte rouge dans tout le Sud-ouest ! Au cours de la nuit prochaine, une forte tempête est annoncée, avec des vents pouvant atteindre 170 km heure ! »
« Ho, fils du Diable, tu as entendu, patronne ? Écoute ce qu’a dit la dame de la télé : « Mettez eau ! » Mon Dieu. Va falloir se munir de bassines, poser des supports contre les fenêtres et les portes ! »
Le temps se faisait sourd, trop calme, quelque chose se préparait, sûrement !

Tempête

Puis vers quatre heures du matin, un bruit brusque et insolite nous sortit d’un demi-sommeil, les oreilles bourdonnaient, le lit, même, tremblait. Distribuant sa violence, le vent du Diable venait d’abattre la cheminée du chauffage ; Aussitôt, nous entendions « chot … chot » !
Il pleuvait dans l’abri du chauffage, sur la charpente endommagée.
Je voulus risquer mon nez à l’extérieur, mais la patronne : « malheureux, reviens donc au lit, tu vas te faire écraser » …C’est vrai, elle avait raison… l’électricité manquait
Alors, nous repartîmes au lit, attendant la fin de la nuit jusqu’à la clarté du jour, tout soufflait autour et dans la cour : tuiles, branches, arbres, pins, seaux, poêlons, plastiques, papiers, linges détachés du séchoir…
Le petit chien et la chatte, eux, le dos recroquevillé, n’en menaient pas large, tapis sous la table de la cuisine !…
J’osai quand-même ouvrir un contre-vent, alors, les boisseaux de la cheminée, rendus en morceaux vinrent me trébucher ; sur le sol, cette tempête distribuait une insolite jonchée d’objets venus, on ne savait d’où, peut-être des voisins !…

Enfin, dans l’après-midi, le Diable abandonna sa soufflante, mais quelle désolation ! Plus d’électricité, les bâtisses découvertes, les arbres couchés, les pins décimés, sectionnés, arrachés du sol trempé d’eau, il ne reste plus que des racines à l’air, déterrées des grandes souches qui poussaient sur l’alios…
Quel cataclysme ! si Napoléon revenait parmi nous, lui qui se donna tant de mal pour faire pousser des pins, je crois qu’il enverrait son armée pour administrer une bonne raclée au Diable !…

Mais à présent, qu’allons nous faire, mettre le feu à la lande dévastée, revaloriser la forêt ?, mais pour quoi faire, peut-être labourer des champs à betteraves, ou de maïs écologique afin de transformer ces récoltes en carburant pour les voitures ?.

Tempête

Des temps d’autrefois, Félix Arnaudin nous laissa des écrits, des photos des moulins à vent, des bergeries et des bergers sur leurs échasses…
Doit-on donc revenir à l’époque des moutons ? le Diable semble devenir le maître ?
Devrons nous lui permettre de remplacer les pins pour dresser encore plus haut des « éoliennes », ces grandes roues qui récupèrent le vent pour produire de la lumière ? ainsi, la moral assombri de ces temps-ci nous rendra la lucidité !
Les scientifiques nous prédisent depuis de nombreuses années une remontée des eaux , mais il faut quand-même essayer de garder espoir ; Les tempêtes d’autrefois créèrent les dunes de notre région, entre autres celles des Joncs, celles de Bouliques …
Ainsi, la mer ne viendra pas nous trouver demain , tout n’est pas encore perdu !
Moi, je n’en sais rien, nous prenons de l’âge, mais cependant, auprès des générations qui nous succèdent, il va falloir rebondir et garder l’humour sans se laisser enterrer !…

Bernat deu Maçon Retour