SOUVENIRS GEMMEUX

Pourquoi parler de gemmage ?

A ceux qui ont vécu du métier de la gemme, nous n’apprendrons rien, mais dans quelques années, nous ne serons plus qu’une «poignée » à raconter l’histoire des résiniers, aux générations futures.
Ces derniers jours de novembre 2007, l’un des derniers anciens résiniers vient de s’éteindre tout prés de sa cabane : Guy Durou … Cet homme vécut du gemmage sur plusieurs lieux de la lande et des dunes de Jaougaret…

Où trouvait-on des résiniers ?

Depuis dix-mille ans, les pins existent.
Les chercheurs ont retrouvé des traces de carres sur des pins gemmés ensevelis, puis redécouverts par l’érosion des marées et des tempêtes, bien conservés dans le secteur des dunes du Moulleau, à Arcachon ( récits de Kauffman 1892). Ces arbres dataient de l’époque Gallo-Romaine ! (gemmage au cròt)
Les résiniers gemmaient à cette époque les pins dans la montagne de La Teste, et plus tard jusqu’en 1960 ils pratiquèrent le gemmage à la chanque et au bridon avec le système Hugues)…. Résinier Avant 1857 , les landes marécageuses favorisaient davantage une vie agropastorale, l’existence des bergers, le sous- sol était rendu par endroits imperméable par l’alios, et en surface on trouvait des lagunes, de la molinie, de la brande…
A la mise en valeur des landes de Gascogne, toute une activité se mit en place sous le couvert des responsables de Napoléon III : chemins, fossés, afin de casser l’imperméabilité de l’alios, puis semailles de graines et plantations de pins…
La fixation et la stabilisation de la dune littorale s’achevèrent en 1862, suivies plus tard par de nombreux ateliers de mise en valeur des sols, plus ou moins importants.
Ce fut alors le début d’exploitation de ces landes mises en valeur par le gemmage, les éclaircies…
Puis arrivèrent les résiniers, les muletiers, les sylviculteurs, les bûcherons et les distillateurs grâce à l’amélioration du système Hugues pour recueillir plus aisément une résine plus propre et récupérer grâce à la distillation , de nombreux produits …

Mais alors, comment vivaient les résiniers ?

Il faut dire quand-même que la vie des résiniers n’avait rien d’enviable quand arrivait la paye. Les familles vivaient du gemmage complémentairement sur de petites fermes, des métairies, elles arrivaient à survivre en travaillant beaucoup, le faible argent qui rentrait était mis de côté pour payer le superflu. Pin Les membres de la famille entretenaient le petit airial ou la métairie : le jardin, les champs de seigle et de maïs ; ils avaient un cheval, une ou deux mules pour les labours, les fenaisons, le transport des barriques de résine jusqu’à la distillerie.
Ils élevaient de la volaille, un porcelet qu’ils engraissaient tout au long de l’année. Une ou deux vaches fournissaient le lait et les veaux qui naissaient dans l’année.
Dans nos terres sablonneuses, on ne choisissait pas la façon de vivre. Les produits résineux, pourtant recherchés sur le marché (la très bonne qualité des peintures à l’essence de térébenthine) ont presque toujours souffert d’une concurrence sans pitié face aux produits pétroliers (white-spirit) . Une manière toujours hypocrite a toujours existé quand il fallait rémunérer ceux qui vivaient de la gemme. La plus grande part des produits résineux fabriqués servaient pour l’industrie et le résinier, lui, touchait une petite paye irrégulière, et calculée selon le régime agricole !…
De nos jours, le gemmage n’existe plus dans notre pays, mais on retrouve l’exploitation de la résine dans certains pays moins développés….
L’époque actuelle, évolutive, différente, abondante de progrès et de gadgets de toutes sortes nécessite beaucoup d’argent. Les petits sous que l’on attribuait aux résiniers ne pourraient certainement pas favoriser le gemmage ; de plus, la forêt si belle soit-elle à regarder pour celui qui aime l’écologie, vient de subir de méchants soubresauts climatiques, il faut replanter les arbres, et ceux qui ont résisté sont fragilisés… Et il faut au moins vingt ans pour reconstituer une parcelle !

Conclusion

Si nous devions parler de gemmage, pourquoi pas ? mais que devrions nous choisir :
Ressusciter le passé résineux sur une idée folklorique ?
Face à la puissance des marchés mondiaux tous de connivence pour vendre le baril de pétrole de plus en plus cher ?( surtout pour eux se réserver les moyens de ne pas payer l’essence de térébenthine.)
Ou laisser mourir de faim ceux qui vivent chichement, en remplissant les barriques de résine, quelque part , de l’autre côté de la mer ou ailleurs ?
Bernat deu Maçon
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